Ton histoire, elle se passe où ?

Le 22/02/2024 0

Les lieux sont indispensables dans un récit : une rencontre nulle part, une attaque sans objectif déterminé, un voyage dans le vide… Qui y croirait ?

Les mots précisent les endroits, le lecteur ne se contente pas d’un nom, comme château, ville ou fleuve ; il exige des précisions sur le décor que l'auteur est seul à connaître à la base. La description mobilise tous les sens : les bords de mer appellent la couleur de l’eau, le bruit des vagues ou les cris des mouettes, l’iode et le vent sur la peau ; les pôles ne respirent pas comme le Sahara ; un volcan n’a pas le bruit d’un sous-bois, etc. Et ils sont différents entre eux.
Les lieux seront multiples dans un récit : du plus profond gouffre de la Terre, avec Jules Verne, jusqu’au plus haut sommet d’une planète encore inconnue, en sciences-fiction.
Le but d’une description est de parvenir à représenter la façon dont l’auteur voit l’environnement et de permettre aux lecteurs de se le représenter. Elle permet de marquer des temps d’arrêt dans le récit, laisser le lecteur souffler et préparer l’action à venir en donnant des indications sur l’endroit où elle se déroule.
Un autre but de la description est de captiver les lecteurs et leur donner l’impression de se trouver dans la scène. En mobilisant ses cinq sens, l'auteur procure des émotions, des sensations. La description permet de donner vie au récit et de lui apporter plus de réalisme. Plus les détails sont riches, plus les lecteurs s’imaginent les scènes avec précision.

La fonction ornementale est la plus ancienne de la description. Son archétype est la description du bouclier d’Achille, au chant XVIII de L’Iliade. Elle apparaît comme une récréation dans le récit. Les grandes fresques de Zola qui décrivent les Halles dans Le Ventre de Paris sont des documents et des tours de force stylistiques. La description moderne fait référence à la peinture.
À la fin du XVIIIe siècle, apparaît le romantisme et la description devient expressive, elle établit une relation entre l’extérieur et l’intérieur, la nature et les sentiments de celui qui la contemple. En décrivant la nature, on cherche à exprimer un paysage psychique. La description se dédouble, un aspect du lieu devient la métaphore du sentiment intérieur du personnage, la douceur triste de la lumière, la flétrissure des fleurs, le froid hivernal constituent les images d’un paysage moral et affectif. Au XIXe siècle, la description gardera cette fonction sur un mode implicite : le paysage sera l’indice d’une tonalité affective, sans que le rédacteur ait besoin de le souligner ou de le préciser.
Puis, la description est utilisée comme signe d’autre chose que ce qu’elle décrit. L’ameublement et l’environnement des personnages révèlent leur psychologie et la justifient : un milieu bourgeois ou populaire, la "pendule au salon, qui dit oui, qui dit non" des Vieux de Jacques Brel, les posters au mur dans une chambre d’adolescent… Cette fonction symbolique prend quelques fois une valeur annonciatrice : où entre le policier, où le rendez-vous a lieu ; la description préfigure ce qui va advenir du personnage ou de l’action. La description annonciatrice résout à sa façon le conflit entre description et narration : au lieu de contrarier le récit, elle le programme.
La narration sert parfois de cadre à des descriptions qui viennent envahir l’espace narratif et suggèrent le récit : par exemple, un lieu rêvé, fantasmé, mémorisé. La description n’assume plus alors une fonction réaliste, elle ne cesse de créer et de détruire la réalité à laquelle elle renvoie, en variant, se surchargeant, se contredisant.

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