Les étés d’enfer
Robert Faune
Gamin, je passais mes étés en colo. Mes parents assuraient que ça me ferait du bien, mais ils ne sont jamais venus vérifier sur place.
On dormait comme des loirs, parce que les balades, au lieu de nous aérer les méninges, nous crevaient. Les commerçants surveillaient leurs bonbecs, parce que la bouffe, on en reparlera. Mais le pire, c’était la chaleur, un truc à nous lessiver. Pas idée d’embarquer les gosses du nord dans le sud.
Un jour, je m’en souviens, on randonnait avec un bataillon de Chasseurs alpins, quel honneur ! Eux coupaient les lacets en sifflotant, tandis que nous, dans la force de l’âge parait-il, nos pattes pesaient une tonne, la casquette dégoulinait de sueur, et on se demandait si on verrait un jour le lac promis.
Après ces vacances, je n’avais qu’une idée : retourner à l’école. Là, je m’ennuyais, c’est sûr, mais au moins, je me reposais.