Marie-Claire, livre de douceur

Le 27/11/2023 1

Marguerite Audoux écrivait sans l’espoir de publier ses œuvres, mais pour oublier sa misère, amuser sa solitude, comme lui tenir compagnie, et parce qu’elle aimait écrire.

Les mots de l’introduction sont tirés de la préface de Marie-Claire, prix Fémina 1910. Octave Mirbeau disait :
« Marguerite Audoux était couturière, toujours malade, très pauvre, quelquefois sans pain. Malgré tout son courage, ne pouvant plus travailler, ni lire, car elle souffrait cruellement des yeux, elle écrivait.
» Marie-Claire est une œuvre d’un grand goût. Sa simplicité, sa vérité, son élégance d’esprit, sa profondeur, sa nouveauté sont impressionnantes. Tout y est à sa place, les choses, les paysages, les gens. Elle a raconté comment, lorsque en sa jeunesse elle gardait les moutons dans une ferme de la Sologne, la découverte, dans un grenier, d’un vieux bouquin lui révéla le monde des histoires. Depuis ce jour-là, avec une passion grandissante, elle lut tout ce qui lui tombait sous la main, feuilletons, vieux almanachs, etc. Et elle fut prise du désir vague, informulé, d’écrire un jour, elle aussi, des histoires. Et ce désir se réalisa, le jour où le médecin, consulté à l’Hôtel-Dieu, lui interdit de coudre, sous peine de devenir aveugle.
» Lisez Marie-Claire… Et quand vous l’aurez lue, sans vouloir blesser personne, vous vous demanderez quel est parmi nos écrivains celui qui eût pu écrire un tel livre, avec cette mesure impeccable, cette pureté et cette grandeur rayonnantes. »

Dans ce roman autobiographique (au format d’une grande nouvelle), Marguerite Audoux raconte l’histoire de la petite Marie-Claire, cinq ans, placée à l’Assistance publique à la mort de sa mère. Séparée brutalement de sa sœur et d’un père alcoolique, elle plonge dans le monde clos de l’orphelinat, dirigé par d’austères religieuses. L’enfant se réfugie dans le giron de sœur Marie-Aimée, l’institutrice à la voix chaleureuse. Pour sa protégée, cette dernière rêve d’un beau destin et, dès que Marie-Claire a fait sa communion, elle lui propose d’entrer comme demoiselle de magasin chez Mlle Maximilienne, la sœur du curé.
La mère supérieure, par jalousie, en décide autrement : « Vous serez bergère, mademoiselle. »
Marie-Claire fait l’apprentissage de son métier, aidée par la vieille Bibiche et le vacher. Grâce à la compassion des fermiers Sylvain et Pauline, aux beautés de la nature et à la découverte de Télémaque au fond du grenier, Marie-Claire retrouve une forme de sérénité jusqu’à une nouvelle rupture : la mort de Sylvain amène à la ferme de nouveaux propriétaires…

Les ouvrages de Marguerite Audoux, dont Marie-Claire, sont disponibles dans plusieurs formats à la Bibliothèque électronique du Québec (BEQ)

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Commentaires

  • Viano Marie-Claude

    1 Viano Marie-Claude Le 02/12/2023

    Merci et bravo pour votre article sur Marguerite Audoux.
    Savez-vous qu'après son prix Femina en 1910, elle a eu un tel succès que c'est d'elle que le périodique féminin "Marie-Claire" a tiré son nom?
    Ses deux romans, "Marie-Claire" (qui est en effet plutôt un journal) et "L'Atelier de Marie-Claire", ont été réédités en 2008 chez Grasset dans la collection Les Cahiers Rouges.

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