Albertine Sarrazin, fulgurante icône

Le 17/09/2025 0

Née le 17 septembre 1937, Albertine Sarrazin est la première femme à raconter sa vie de prostituée, de délinquante et son expérience en prison.

Déposée à sa naissance à l’Assistance Publique d’Alger, elle est baptisée Albertine Damien, nom du saint fêté le jour où l’enfant est trouvé. Elle est adoptée par un couple : l’homme de 58 ans médecin militaire, la femme de 55 ans sans profession. À deux ans, Albertine est victime d’un accès de paludisme, puis fréquente les établissements confessionnels, où elle reçoit un diplôme d’éducation religieuse et le certificat élémentaire signé par l’archevêque d’Alger.
En 1947, la famille emménage à Aix-en-Provence. Albertine entre au rigoureux collège Sainte-Catherine-de-Sienne, obtient de nombreux prix d’excellence, mais subit un viol par son oncle à l’âge de dix ans. À douze ans, elle commence à écrire dans des carnets à spirales Les aventures de trois guides indisciplinées. En 1952, elle devient interne au lycée. Son père la juge indisciplinée, il l’oblige à voir un psychiatre qui recommande un éloignement familial. Le juge accorde "la correction paternelle" qui autorise le père à mettre son enfant en prison. À son entrée au Bon Pasteur à Marseille, elle est, comme toutes les pensionnaires, rebaptisée : Anick.
L’année suivante, elle obtient la première partie de son bac, avec la mention bien, et s’enfuit à Paris. Avec une camarade du Bon Pasteur, elle connaît des aventures, se prostitue, chaparde dans les voitures et les magasins. Retournée voir son père, elle lui vole son pistolet et repart à Paris, où elle tente un hold-up avec son amie. Le juge envoie Anick à Fresnes, où elle commence à rédiger les carnets verts et écrire des poèmes. Un an plus tard, elle achève de passer son bac.
En novembre 1955, les deux amies comparaissent à huis clos aux assises des mineures. Anick nargue les juges et les jurés. Considérée comme le cerveau, elle est condamnée à sept ans de prison, à Fresnes, puis Doullens. Parallèlement, ses parents révoquent l’adoption plénière (procédure rarissime en France).
Après une mise au cachot pour avoir embrassé une autre détenue sur la bouche, elle s’évade en se brisant l’astragale (petit os du pied), ce qui la fera souffrir et l’empêchera de marcher. Julien Sarrazin, petit malfrat au cœur tendre, la ramasse sur le bord de la route, la cache, la soigne, et en tombe amoureux.
Le couple connaît des tourmentes : Julien est arrêté. Anick se retrouve seule et se prostitue pour survivre. Julien est libéré puis de nouveau arrêté pour vol et Anick pour usage de faux papiers. Elle finit la peine à Amiens dans le quartier des femmes, elle étudie la philosophie et l’anglais, écrit des poèmes et débute Times, journal de prison 59.

Julien et Anick se marient entre deux gendarmes le 7 février 1959. Anick commence l’écriture de La Cavale. Le couple vit entre grâces, incarcérations et remises de peine. En 1963, Anick s’installe à Alès pour se rapprocher de Nîmes où Julien est incarcéré et devient pigiste au Méridional. Elle écrit Les soleils noirs qui deviendront l’Astragale : "petit roman d’amour pour Julien". Le couple libéré s’installe dans les Cévennes et le directeur d’édition Jean-Pierre Castelnau accepte en avril 1964 les manuscrits de L’Astragale et La Cavale.
Enfin reconnue et célébrée, Albertine Sarrazin reçoit le Prix des quatre-jurys 1966, achève La Traversière.
Début 1967, elle cumule plusieurs opérations de l’astragale, des ovaires, etc. ce qui ne l’empêche pas de travailler sur l’adaptation au cinéma de L’Astragale par Norbert Carbonnaux. Le 10 juillet, fatiguée par l’alcool, le tabac, les opérations récentes et sa vie chaotique, elle meurt des suites d’une opération du rein.

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