Pour une nouvelle, c’est une nouvelle

Le 01/05/2024 0

Définir la nouvelle apporte cent réponses, tant les voies sont nombreuses. L’exhaustivité est un leurre, juste quelques rappels.

Interroger la toile sur la définition d’une nouvelle ouvre la boîte de Pandore. Affirmer que telle ou telle théorie, orientation ou structure est LA bonne revient à prêter le flanc à une volée de bois vert. Les exemples donnés ne sont que des illustrations, sans exclure les autres aprroches.

Les points les plus consensuels sont au nombre de trois :

  • la brièveté : si la Maison Tellier représente près de 70 pages en format poche, le calcul sur ce recueil de Maupassant montre que la moyenne tourne autour de 12 000 caractères, moyenne voisine de celles sollicitées par les organisateurs de concours qui naviguent pour la plupart entre 5 000 à 20 000.
  • le nombre réduit de personnages : en général, les nouvelles suivent un héros (masculin ayant le rôle de neutre) qui traverse un moment particulier… difficile d’être plus général.
  • un univers crédible, à la différence du conte qui permet un monde incroyable.

La lecture des trois critères ouvre déjà des débats.
La science-fiction serait-elle exclue par le monde crédible ? Oui, pour le lecteur très terre-à-terre ; non, si le récit se place dans un futur aux champs inconnus à ce jour, en effet, crédible signifie qui mérite du crédit et l’imagination permet de croire au réel de demain.
L’idée de traverser un moment écarterait-elle celle d’une biographie entière ? Là, la réponse serait plus proche du oui, car concentrer une vie en quelques pages semble une grande limitation, la nouvelle n’a pas un rôle réducteur et une vie méritant un récit foisonne d’aspects.

Nombre d’organisateurs présentent la nouvelle avec des critères particuliers, leur comparaison montre la largesse du genre.
La nouvelle n’est ni un récit, ni un conte : il y a peu de dialogues, le nombre de personnages et de lieux est restreint. La durée de l’action s’étale sur un laps de temps assez court, le rythme est rapide et concis. Il écarte les longs développements psychologiques ou philosophiques. La chute (ouverte ou fermée) est surprenante et cohérente. Cette définition est large et complexe : pas un récit, que faut-il entendre par là ? Certaines nouvelles se construisent autour d’un dialogue, voire d’un monologue. Voltaire et ses contes philosophiques seraient éliminés. Un Vieux se souvenant de son enfance étire le temps de la nouvelle. Sans être fausse, la description est restrictive !
La nouvelle est un écrit simple, centré sur un seul événement, court et intense qui présente des personnages peu nombreux, comporte des indices annonciateurs et des fausses pistes, favorise le suspense, la dramatisation et se termine par une chute originale et déroutante respectant cependant la cohérence du récit. La définition se cantonne à la nouvelle avec intrigue, laissant de côté la nouvelle à caractère poétique (Colette), la nouvelle humoristique (Maupassant et Allais). Par ailleurs, l’idée de fausses pistes contredit celle de brièveté et d’intensité ; les termes chute originale et déroutante ou cohérence du récit demandent des éclaircissements.

Au final, il semble vain de vouloir stéréotyper la nouvelle ; cette dernière est aussi variée que les autres formes de fictions, tant dans les sujets abordés que dans leur architecture. La véritable particularité commune entre ces écrits, récits et textes est leur taille ; la meilleure définition lue à ce jour est attribuée à qui la revendique : une nouvelle se lit en une seule séance. Durée, contenu, genre sont les caractères qui en font la richesse.

littérature analyse écriture

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