Les douze parties, chapitres ou nouvelles – la question se pose – se lisent ensemble ou séparément. Le fil rouge des Sept pendus est une série de jugements qui conduit les sept prévenus à la même condamnation ; le titre du livre lève toute ambiguïtés.
À chaque étape, on découvre des éléments nouveaux qui s’enchaînent et se relient, voilà pour le roman. Certes, la lecture dans un ordre aléatoire doit paraître délicate, mais un chapitre lu isolément conserve un sens entier et se comprend en lui-même.
Ainsi dans le huitième texte, intitulé La mort existe et la vie aussi, Andreïev expose un des condamnés, Serge Golovine, face à son sort ; il précise les habitudes du personnage, sa manière de vivre, ses travers et ses qualités. L’analyse du chapitre seul n’exige pas la connaissance des autres parties. Et il en va de même des douze parties.
Les circonstances de l’attentat commis par cinq des condamnés, l’audience du tribunal, les malfrats de droit commun arrêtés pour d’autres forfaits et les comportements individuels face à la mort annoncée, Leonid Andreïev détaille chaque élément dans une partie distincte (chapitre ou nouvelle) et conduit l’ensemble vers sa globalité.
Du grand art pour les auteurs en quête d’un modèle qui réunirait les amateurs de romans et les partisans de la nouvelle.
Cette construction originale et minutieuse détruit les arguments des lecteurs qui déprécient les nouvelles trop brèves ou de ceux qui ne goûtent que celles-ci parce que plus suggestives. Leonid Andreïev illustre la perméabilité entre les deux formats, court et long. Ce qui montre que les grandes affirmations tranchées dépendent plus des a priori du lecteur que des ouvrages eux-mêmes.
Les Sept pendus de Leonid Andreïev est disponible en fichier numérique sur le site ebooksgratuits et dans la Bibliothèque électronique du Québec, au nom de l’auteur.