Pour parler de manière large, le polar fait partie des récits à énigme ou à mystère, que le héros cherche à résoudre. Le lecteur apprécie suivre ce héros, espérant même le devancer.
La première règle du polar est d’être construit à l’envers de la chronologie : l’enquêteur part d’un crime et remonte dans le passé de la victime et cherche à savoir les lieux ou les personnes qu’il a fréquentés, ses activités et ses relations.
La deuxième règle est de reposer sur un crime exceptionnel, pour accrocher l’attention du lecteur : étrangeté des lieux (la pièce fermée de l’intérieur), de la situation (victime mutilée d’un bras) ou des circonstances (dans Basic Instinct, le mort est tué dans son lit, après des ébats amoureux). Mourir dans un fauteuil aurait plus de mal à interpeler le lecteur !
À partir de ces éléments, l’auteur détermine trois personnages : la victime, le coupable et le policier qui va mener l’enquête.
La victime ouvre l’histoire ; sa personnalité est primordiale, car elle justifiera son sort : est-elle morte par jalousie (que possédait-elle d’enviable ?), par vengeance (qu’avait-elle commis ?), par accident (le lieu tiendra alors une place importante). L’auteur fignole le profil, chaque détail apportera un éclairage à l’enquêteur.
Le coupable aura un rapport avec la victime, même indirect dans le cas d’une exécution. Vous préciserez les raisons qu’il avait de commettre ce crime – le mobile – et les moyens de tromper l’enquêteur.
L’enquêteur est indispensable. Vous soignerez son profil, car le lecteur s’identifiera à lui. Même s’il n’est pas parfait, s’il a des failles, il est perspicace et obstiné pour traquer le coupable et le confondre.
Ces personnages se réunissent autour du fait dramatique. L’auteur connaît tous les détails à l’avance, avant de commencer à construire son récit : la raison du crime, la méthode utilisée, les suspects, les fausses pistes, les indices que l’enquêteur va collecter.
Dans une nouvelle, le nombre de personnages est réduit.
Dès lors, le récit se concentrera sur l’enquêteur ou le coupable, minimisant la victime. Dès la situation initiale, le lecteur recevra les éléments essentiels pour comprendre la résolution de l’enquête ; peu d’hypothèses stériles seront avancées. Par exemple, si le crime est consécutif à une vengeance amoureuse, la victime sera plutôt un amant qu’un cavaleur et le coupable sera plutôt un mari qu’un des nombreux galants passés.
Deux chemins dramatiques sont envisageables dans les polars : la majorité des récits suivent les étapes, du crime jusqu’à la résolution ; quelques histoires, comme la série Colombo, révèlent le coupable dès la découverte de son méfait et le lecteur cherche à savoir comment l’enquêteur parvient à résoudre le mystère.