Temps passé

Temps passé

Dans la collection Vite lu, la Piterne se limitait aux auteurs normands. Elle a élargi sa curiosité et s'est mise en quête des nouvelles qui marquèrent leur époque, quelle que soit la région natale des auteurs...

La collection "Temps passé" est née, elle s'enrichit d'un titre chaque mois.

Poisson d'avril

L’aventure eut pour Lambert deux conséquences différentes : le sobriquet de Beltram lui demeura acquis et sa visite à Mme Dupont fut suivie d’autres, tant et si bien que le brui t d’un prochain mariage avec Mlle Dupont circula dans la ville.

François Desplantes a publié cette nouvelle en 1884. Au-delà de la plaisanterie de saison, le récit pose la question éternelle, celle du mariage au premier regard !

Le Glen-Nevis

Vous qui êtes allés en Écosse, connaissez-vous le Glen-Nevis ?

Non. Parbleu.

Qui est-ce qui connaît cet endroit ravissant ? Il n’est pas marqué sur les guides et, pour s’aviser de son existence, il faut une circonstance extraordinaire.

Paul Dys a écrit cette nouvelle ne 1888 ; elle passe du guide touristique au récit fantastique, par une rencontre qui atténue le choix entre whisky et imaginaire.

Dévouement

Cinq heures quinze. Elle attend depuis quelques minutes déjà. Elle regarde d’un air inquiet tous les gens environnants.
— Cet affreux train n’arrive pas ! Sera-t-il dedans ?
La foule s’écarte, désappointée. Aussitôt débouche une suite lente d’Anglais et d’Anglaises, chargés de valises, de parapluies, de couvertures et affublés de "suits" invraisemblables.
Ouf, son "petit ami" est présent ; il poireautait de peur d'être vu, car il est venu sans permission et a aperçu son colonel dans le train. Le week-end est doux, suave, enflammé ; mais au retour, l'officier est dans le compartiment voisin de l'amoureux et montre son mécontentement à la jeune fille.
La dulcinée fait promettre à son ami de se montrer sage :
— Ne demande rien samedi prochain. Je ne t’attendrai pas. (Nouvelle de 1886)

Cheveux roux

Besançon est un missionnaire de sa gracieuse Majesté, parti dans les Indes lointaines, un prédicateur austère. Si le prélat est malheureux, ce n'est pas à cause de Dieu ou de ses ouailles, mais de celle qui partage sa vie à la maison et la lui rend impossible (la vie, pas la maison). L’épouse meurt et laisse comme souvenir à son veuf... une mèche de ses cheveux roux. Le début de la nouvelle est donc lugubre, triste, presque sinistre.
Toutefois, la Providence console le pasteur en lui envoyant d’Angleterre une nouvelle épouse, inconnue mais volontaire pour se dévouer… et surprise, horreur, la promise a, elle aussi, les cheveux roux !
La nouvelle change de forme : du faire-part, elle se transforme en plaisanterie qui dure jusqu’à la conclusion. Virgile Rossel nous conte là ce qu'on appellerait désormais "une histoire de blondes".

Mariage noir !

Un couple étrange, aux mystérieuses façons, gîtait aux environs de Passy. La femme paraissait encore jeune ; sa tournure fine, son pas élégant. La concierge savait qu’elle se nommait Mme Élise de Marciac. L’homme, Frédéric Daillères, paraissait avoir trente ans ; il était doux et calme.
Leurs noms distincts laissaient entendre qu'ils étaient étrangers l’un à l’autre, ni frère et sœur ni conjoints. Ils n’étaient pas non plus des amoureux, à preuve : lorsque Monsieur parlait à Madame, il l’appelait toujours "mère" !