Les fameux prix Concours

Bien sûr, des conditions de participation sont proposées ; aucun concours n’accueille de candidats au seul prétexte de présenter un texte. Les articles courants et compréhensibles portent sur le profil des auteurs (tranche d’âge, lieu de résidence, niveau scolaire, etc.), sur le thème attendu (du sujet libre jusqu'au cinq premières lignes imposées). Ces conditions ne surprennent personne, les propositions de La Nouve n’y échappent pas et à l'avenir, elles auront du mal à s’en détacher.

Quelques formulations prêtent à sourire : « La délibération du jury se tiendra entre mars 2024 (point) ».
Un règlement anticipe même un avenir radieux à ceux qui fouillent la toile : « D’autres récompenses sont à prévoir, plus d’informations sur nos réseaux sociaux. »
Ailleurs l’orthographe des organisateurs surprend : « Les poèmes ayant retenus l’attention du jury… » ou mieux, dans les conseils de classement : « Relisez-vous et, si possible, faîte-vous relire – ne serait-ce que pour la conjugaison et l’orthographe. »

À d'autres endroits, les obligations surpennent aussi, comme demander aux auteurs de se transformer en imprimeurs et exiger cinq, sept, voire neuf exemplaires de leur production, selon la composition "secrète" du fameux "comité de lecture". Quand il ne s’agit pas de doubler un envoi numérique d’un abondant envoi en papier !
Certaines contraintes ont de quoi faire réfléchir les talents : « Les trois nominés, dont le lauréat, seront révélés de manière officielle le jour de la cérémonie de remise des prix littéraires. Chaque nominé devra confirmer sa présence (ou celle d’un représentant légal) dans un délai maximum de 15 jours à réception du courriel (…) à défaut, sa place sera attribuée au candidat suivant, selon l’ordre du classement. (…) Les frais de déplacement et d’hébergement seront à la charge de chaque auteur. » Dit autrement, l’organisation obligée est entièrement aux frais des candidats et la qualité littéraire des œuvres passe au second plan, l'essentiel est la photo des organisateurs le jour de la remise des prix.
Ailleurs : « Les lauréats s’engagent à réserver aux organisateurs du concours tous les droits de correction, d’exécution et de reproduction. » Le jury récompense donc des textes qui ont encore besoin de correction. Quant à la durée de réservation ? Ou la propriété intellectuelle ? On est là pour promouvoir la culture, pas pour pinailler !
Quelques articles de concours découragent par avance : « Les auteurs non retenus ne pourront réclamer un commentaire personnalisé du jury » ; commentaire pourtant espéré par nombre de candidats, aux dires du sondage mené par La Nouve l’an passé.

À lire ces règlements, les potentiels candidats finissent par se demander si le monde de l’écriture - commercial et même associatif - ne ressemble pas à un milieu malsain. Un simple concours paraît plus piégé qu'une édition à compte d'auteur.
Pour finir l'année 2023 en beauté, nous vous avons préparé un ersatz d’épreuve où vous serez invités à nous céder tous vos droits, à venir sur place pour que nous vous félicitions devant les objectifs et les caméras, à imprimer le recueil (autant dire le receuil) et le vendre vous-même en nous réservant et reversant les bénéfices. En échange, promis juré, nous nous engageons à promouvoir votre talent, soutenir la créativité et encourager le format court. Chiche ?
PS : les potentiels volontaires sont invités à passer directement au versement en nous épargnant les autres contraintes. ;-)