Qu’il est difficile d’aimer

Le plus difficile n’est pas d’écrire, même si la syntaxe et l’orthographe souffrent. Le plus original n’est pas de conter son histoire, même si l’intrigue est limpide dès les premières lignes. Non, le plus délicat est d’appeler un chat, un chat !

Souhaitant se mettre à l’affût d’œuvres discrètes, mais de qualité, la Piterne s’est proposée sur un site où des auteurs indépendants, auto-publiés ou en voie de le devenir, présentent leurs ouvrages avec l’espoir d’un commentaire. Par prudence et par goût, la Piterne a limité sa disponibilité aux recueils de nouvelles et s’est contentée de trois critiques avant de s’en extraire.
L’orthographe ? Les éditeurs éliminent à la seconde faute (car ils n'attendent pas la troisième) ; les auteurs les considèrent comme une coquille à gauche ou à droite, ou une petit hic ici ou là. Gageons qu’ils pardonnent aux cuisiniers de servir du rata ou les musiciens et leurs couacs ! Le lecteur est-il un consommateur qu'il est inutile de respecter ?
L’intrigue ? Les éditeurs souhaitent tenir les lecteurs en haleine ; les auteurs estiment être intéressants puisque vous êtes le seul à comprendre dès la seconde page.
La répétition entre les nouvelles ? Les éditeurs apprécient le renouvellement des approches autour d’un fil conducteur unifiant le recueil ; les auteurs changent, car mes nouvelles n’ont pas le même personnage.

La Piterne a renoncé à sa quête, tout en conservant la conviction que des pépites se cachent ; elle poursuit son petit bonhomme de chemin, par l'accueil des candidats à ses concours, en les accompagnant pour amender leur version (sauf quand elles sont déjà parfaites) et ses membres partagent les affres des créateurs : brouillonner, laisser reposer et peaufiner les textes avant de les publier ou pas, les voir auréolés, ignorés, voire oubliés. Car telle la vie d’un auteur conscient de ses limites, mais désireux de les franchir.