Dans son article publié par Itinéraires, Arnaud Rykner de l’Institut de Recherche en Études Théâtrales (IRET), rappelle la position de Marguerite Duras qui écrivait : Je vais faire du théâtre cet hiver et je l’espère (…) faire du théâtre lu, pas joué. Le jeu enlève au texte, il ne lui apporte rien, c’est le contraire, il enlève de la présence au texte, de la profondeur, des muscles, du sang. Affirmation véhémente qui tenait à redonner toute la force du texte originel.
Plus loin, Arnaud Rykner insiste sur l’idée que la lecture d’un texte en public est une activité « ensemble », cela veut dire à la fois dans un même temps, un même rythme, et dans un même espace. Et force est de constater que cette expérience vérifiable est unique !
Rykner en déduit la question : si le jeu enlève au texte, et si la lecture lui redonne sa part la plus charnelle en même temps que la plus collective, que dire de la lecture qu’un auteur peut faire lui-même de ses textes ? Entre des textes lus par des acteurs, dont ses propres textes, et lire les productions des autres, le rédacteur a éprouvé les trois visions de l’expérience : spectateur, auteur, acteur de la lecture en public. Son approche permet de sentir les différents plaisirs d’écrire, de lire et d’entendre, allant jusqu’à reconnaître : Lire publiquement ses propres textes, c’est en fait continuer de les écrire, mais continuer d’une façon plus joyeuse.
Tant les auteurs qui souhaitent se lire ou être lus que les spectateurs qui s’interrogent sur ces moments à mi-chemin entre l’intime (la lecture silencieuse est apparue autour de la Renaissance) et le public (l’effet de la lecture se démultipliant, se diffusant à travers l’ensemble des corps en présence), trouveront matière à réflexion dans l’article d’Arnaud Rykner, Lire ou écrire, il ne faut pas choisir. L’écrivain et la lecture en public disponible sur openedition.org.
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