Créée en 1998, l’association continue son petit bonhomme de chemin. À l’origine, fondée pour répondre aux sollicitations des enseignants qui invitaient Jean-Patrick Beaufreton à conter les histoires normandes dénichées dans les archives et les fonds locaux, elle s’est muée en employeuse et a salarié son ancien président jusqu’à a sa retraite. Entre temps, les activités se sont diversifiées : publication de la revue Le Légendier (qui a failli faire boire le bouillon), création de la Maison des mots (fermée avant de mettre la clé sous le paillasson), ouverture des éditions numériques qui connaissent encore de bons résultats.
Désormais en très grandes vacances, Jean-Patrick a repris le flambeau mais s’est éloigné de ses racines. Ses anciens comparses ont regretté ce départ et ont souhaité un moyen d’action commune à distance (autre qu'un regroupement de camping-cars) ; sur ces entrefaites, une cochonnerie nommée Covid a perturbé bien des choses et développé le télétravail. Banco, lança le Président, on fait une télé-association. Ses idées saugrenues ont deux vertus : la première de faire rire, la seconde de faire réfléchir. Les joyeux lurons ont cherché l’objet pour se fédérer et La Nouve est née… vous connaissez la suite.
À ce jour, où en est-on et qu’est-ce qui permet d’envisager l’avenir ?
Depuis août, le site se développe avec 20 à 100 visiteurs par jour, une moyenne de 30 et chacun regardant 5 pages. L’annuaire est plus fréquenté que la libre aire, les contacts restent rares, sauf pour les nouvelles dans le cadre du concours. Au 1er janvier, le site a acquis sa propre identité : lanouve.fr et il est passé en mode sécurisé ; ces deux mesures devraient accroître son référencement (aspects techniques).
La suite est prévisible et simple : collecter des infos pour alimenter le blog quotidien, suivi par 3 visiteurs sur 4 ; chercher des auteurs prêts à entrer parmi les écrivains de nouvelles (la modestie semble être la marque de fabrique), établir des coopérations avec d'autres acteurs du format court.
L’argent est le nerf de la guerre.
Quelques dons ont permis de financer l’hébergement, la location du nom de domaine et celle du module de sécurité.
Par ailleurs, les éditions numériques ont multiplié leur chiffre d’affaires par quatre en 2022 par rapport à l’année précédente ! La Piterne a pour tradition de publier des auteurs normands sombrés dans l’oubli et quelques-uns connus, dans leur version initiale. Son best-seller est La Belle et la Bête de la normande Jeanne-Marie Leprince de Beaumont : le titre représente à lui seul 45 % des téléchargements ; la seconde place est occupée par les nouvelles contemporaines de Jean-Patrick Beaufreton en personne, qui approche le quart des achats à travers le monde (l'auteur salue son lecteur japonais qui reste fidèle, mais inconnu). Cette manne - sans commune mesure avec les majors - permet à l’association de financer ses déplacements, ses achats, le téléphone et l’abonnement à Internet… des dépenses inévitables pour continuer son activité.
Le point faible de l’organisation est celui rencontré par nombre d’associations, quel que soit leur objet : le recrutement de nouveaux membres, de bonnes volontés. « La porte est ouverte, mais ne laisse entrer que les courants d’air », ce triste constat d’un autre Président illustre la crainte de voir la société glisser de l’engagement vers la consommation, puis la disparition des entités collectives au bénéfice des services marchands.
Mais il s’agit là d’un sujet de citoyens, pas d’auteurs ou de lecteurs !